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La myopie en 10 questions

PUBLIÉ LE 28/04/2023 –  MIS À JOUR LE 28/04/2023

Découvrez les réponses à 10 questions fréquentes sur la myopie.

1/ Quelles sont les données de prévalence récentes concernant la myopie au niveau mondial ?

La myopie est le trouble réfractif le plus fréquent dans le monde. La prévalence est galopante et varie selon la région et l’ethnie considérée, touchant dans certaines populations plus de 95 % des personnes. C’est le cas dans certaines grandes métropoles de pays d’Asie (Chine, Taïwan, Singapour, Japon…) et, dans une moindre mesure, le monde occidental avec une prévalence atteignant 25 % à 40 % (1).

Certaines estimations évaluent le nombre de myopes à 2,5 milliards de personnes touchées en 2020 (Organisation mondiale de la Santé). La prévalence attendue en 2050 est estimée à 50 % de la population mondiale, soit une prévalence multipliée par 2, elle était de 23 % en 2000 (2).

L’augmentation de prévalence de la myopie est aussi associée à une augmentation moyenne de son degré de gravité, avec une prévalence de la myopie forte multipliée par 3,5 entre 2000 et 2050 (3 % en 2000, 10 % en 2050).

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf
  2. Holden BA, Fricke TR, Wilson DA et al. Global prevalence of myopia and high myopia and temporal trends from 2000 through 2050. Ophthalmology. 2016;123(5):1036-42.

2/ Quelles sont les causes de la myopie chez l’enfant ?

La génétique : un enfant qui a un de ses deux parents myope a deux fois plus de risque de devenir myope. Il a six fois plus de risque de l’être si ses deux parents sont myopes(1).

L’environnement : les changements environnementaux sont, sans doute, les principaux facteurs en cause dans l’augmentation de la prévalence de la myopie : réduction des activités physiques en extérieur, augmentation du travail de près, urbanisation(1)
Il est aussi démontré que la prévalence de la myopie et le degré de sévérité de la myopie sont corrélés au niveau d’étude : plus le niveau d’étude est élevé, plus la fréquence de la myopie augmente(1).

Le rôle joué par l’environnement paraît ainsi prépondérant(1).

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf

3/ Quand dépister la myopie chez l’enfant ?

Le dépistage de la myopie doit être précoce et précis. Il se fait de façon systématique ou sur des signes d’appel (baisse d’acuité visuelle, plissement des yeux, strabisme). Néanmoins, la myopie est rare avant 6 ans. Si elle est précoce ou que le degré de myopie est important pour l’âge de l’enfant, il faut rechercher une myopie syndromique. Elle débute en règle générale vers 6 à 8 ans, augmente lentement jusqu’à une stabilisation vers 25 ans. Plus le début de la myopie est précoce, plus le degré de myopie est important à l’âge adulte(1).

La myopie scolaire démarre vers 10 à 11 ans. Celle de l’adulte jeune est rare et peu évolutive(1).

Le dépistage de troubles visuels doit se faire idéalement entre 9 et 12 mois, surtout dans les familles de myopes, chez les enfants qui plissent les paupières et les enfants à risque (prématurité, antécédent familial chez un parent, amblyopie ou strabisme chez un des parents, faible poids de naissance, syndromes ou maladies héréditaires, anomalies chromosomiques)(1).

En cas d’antécédents de myopie forte, le dépistage doit être le plus précoce possible en vue d’une correction optique totale précoce, y compris dans les formes unilatérales(1).

Si les parents constatent un des signes suivants, il faut consulter un ophtalmologiste :

  • L’enfant plisse les yeux pour voir de loin.
  • L’enfant dessine le nez collé à sa feuille ou éprouve des difficultés de lecture.
  • L’enfant a du mal à recopier ce qu’il y a écrit au tableau, etc.

Ce dépistage passe non seulement par les ophtalmologistes, mais également par les médecins généralistes, les pédiatres, les infirmières et les médecins scolaires qui pourront orienter les parents de l’enfant vers un ophtalmologiste si ces signes sont présents.

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf

4/ Quels sont les examens ophtalmologiques à réaliser pour dépister la myopie chez l’enfant ?

Chez l’enfant d’âge préverbal, l’acuité visuelle ne peut pas être évaluée car il n’existe pas d’examen subjectif. Le test du regard préférentiel (le nourrisson dirige son regard de préférence vers une forme structurée présentée sur un fond uni) n’est pas un bon test de dépistage(1).

Chez l’enfant d’âge verbal, l’acuité visuelle se teste œil par œil, en mesurant l’acuité visuelle de loin par l’utilisation d’échelles d’images, jusqu’à l’apprentissage des chiffres et des lettres vers 5 à 6 ans(1).

À tout âge, seule l’évaluation de la puissance dioptrique des deux yeux sous cycloplégie (instillation de collyre permettant de paralyser l’accommodation) permettra de dépister les anisométropies (différence entre les deux yeux) et de mesurer avec précision la réfraction de l’enfant(1). Les pédiatres et les médecins généralistes peuvent utiliser les photoscreeners pour dépister les amétropies de l’enfant, mais il faut savoir que sans cycloplégie, l’examen reste imprécis(2).

Ce dépistage passe non seulement par les ophtalmologistes, mais également par les médecins généralistes, les pédiatres, les infirmières et les médecins scolaires qui pourront orienter les parents de l’enfant vers un ophtalmologiste si ces signes sont présents.

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf
  2. Association francophone de strabologie et d’ophtalmologie pédiatrique (AFSOP). Dépistage des troubles visuels de l’enfant. Mise au point de l’AFSOP – Juin 2019 [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse : https://www.afsop.fr/wp-content/uploads/2019/07/Recommandations-site-AFSOP-6-19.pdf

5/ La myopie s’arrête-t-elle de progresser ?

La myopie s’installe soit dans la petite enfance, soit à l’adolescence, et progresse régulièrement pour se stabiliser vers l’âge de 25 ans. Les myopies déclenchées dans l’enfance ont un fort potentiel d’évolution vers la myopie forte et son contingent de complications. Un des enjeux actuels du dépistage visuel est la mise en évidence précoce de la myopie pour pouvoir adopter des mesures visant à réduire la progression de la myopie(1).

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf

6/ L’évolution de la myopie est-elle linéaire durant la période allant de son diagnostic à sa stabilisation ?

L’étude épidémiologique dirigée par le Pr Nicolas Leveziel (CHU de Poitiers), menée en partenariat avec KRYS GROUP, publiée en mars 2021, montre que le taux de progression de la myopie le plus élevé durant l’enfance est observé entre 7 et 12 ans (33 % de progresseurs chez les 7-9 ans et 29 % chez les 10-12 ans) (1).

Pour autant, de nouveaux résultats démontrent que la myopie continue de progresser également chez l’adolescent et le jeune adulte (18,2 % à 13,0 % de progresseurs dans la tranche d’âge 14-15 ans et 18-19 ans) (2).

  1. Tricard D, Marillet S, Ingrand P, Bullimore MA, Bourne RRA, Leveziel N. Progression of myopia in children and teenagers: a nationwide longitudinal study. Br J Ophthalmol. 2021 [Epub ahead of print].
  2. Ducloux A, Marillet S, Ingrand P, Bullimore MA, Bourne RRA, Leveziel N. Progression of myopia in teenagers and adults: a nationwide longitudinal study of a prevalent cohort. Br J Ophthalmol. 2021 [Epub ahead of print].

7/ Quelles sont les complications de la myopie ?

La prise en charge de la myopie et de ses complications constitue un enjeu majeur de santé publique. En effet, la myopie pathologique est pourvoyeuse d’un grand nombre de complications potentiellement handicapantes, voire cécitantes, certaines curables (glaucome, cataracte, décollement de rétine, rétinoschisis myopique, néovaisseaux myopiques), d’autres actuellement non curables (atrophie choriorétinienne).

Zoom sur deux complications :

Décollement de rétine

L’incidence annuelle du décollement de rétine en Europe est comprise entre 0,012 % et 0,018 % (1). La myopie représente l’une des principales causes de décollement de rétine. Une myopie de -1 D à -3 D augmente le risque d’un facteur 4 et le risque est encore plus important pour les degrés de myopie plus élevés (2).

– Glaucome primitif à angle ouvert

La myopie confère un risque de glaucome primitif à angle ouvert multiplié par 3. La myopie forte augmente le risque de glaucome d’un facteur 5 (3). En revanche, les données sur le rôle de la myopie dans la progression du glaucome sont plus contradictoires. Le diagnostic et le suivi du glaucome chez le myope sont les mêmes que chez les non-myopes : fond d’œil, OCT, champ visuel. Néanmoins, l’analyse de la papille au fond d’œil et l’interprétation de l’OCT du nerf optique sont plus délicates du fait des anomalies papillaires très fréquentes en cas de myopie.

  1. Li JQ, Welchowski T, Schmid M, Holz FG, Finger RP. Incidence of rhegmatogenous retinal detachment in Europe – A systematic review and meta-analysis. Ophthalmologica. 2019;242(2):81-6.
  2. Caputo G, Metge-Galatoire F, Arndt C, Conrath C. Décollements de rétine. Paris ; Elsevier Masson ; 2011.
  3. Renard JP, Sahel AJ, Mrejen S, Sellem E. Glaucome primitif à angle ouvert. Paris ; Elsevier Masson ; 2014.

8/ Les myopes deviennent-ils également presbytes ?

Contrairement aux idées reçues, la myopie ne protège en aucun cas de la presbytie. La presbytie concerne tout le monde ! Elle débute vers 44-45 ans et peut évoluer jusqu’à 60 ans. Cependant, la myopie confère un modeste avantage et c’est bien le seul : la presbytie survient plus tardivement et les myopes peuvent lire plus longtemps sans lunettes.

9/ Une des idées reçues concernant la myopie est qu’il faut sous-corriger la myopie pour qu’elle ne s’accentue pas. Est-ce vrai ?

C’est faux. Le flou visuel obtenu avec une sous-correction développe la myopie chez le primate et également chez l’homme. Des auteurs ont montré que la progression de la myopie était proportionnelle à la sous-correction. Une étude observationnelle prospective de 2015 a montré que les enfants sous-corrigés de leur myopie avaient une myopie axile plus importante que les enfants complètement corrigés. En revanche, la progression de la myopie sur un an n’était pas significativement différente entre les deux groupes (1).

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf

10/ Comment prévenir cette affection visuelle ?

L’exposition à la lumière du jour est un facteur de freination de la myopie : le risque de développer une myopie devient identique chez les enfants pratiquant une activité sportive en extérieur plus de 14 h par semaine, quels que soient les antécédents familiaux (zéro, un ou deux parents myopes). D’autres études ont montré qu’une exposition supérieure à 2 h par jour diminue le risque d’évolution myopique par 3 et que la myopie évolue moins vite durant les périodes ensoleillées (1).

Il est donc recommandé aux enfants de passer du temps dehors, tous les jours, au moins 40 minutes par jour (1).

Au-delà de ces éléments d’environnement, sur lesquels le praticien peut uniquement proposer des aménagements, des moyens de freination optique ou pharmacologique de la myopie existent. Divers procédés optiques ont été mis en place, permettant de freiner la progression de la myopie (orthokératologie, verres défocalisants et lentilles défocalisantes). À côté de ces techniques optiques, des interventions pharmacologiques ont été proposées. Des études mettent en évidence un intérêt tout particulier pour l’atropine diluée en collyre instillé de manière quotidienne (1).

S’il n’existe, à ce jour, pas de solution pour stopper définitivement la myopie, ni pour « revenir en arrière », ces moyens permettent, selon les études (principalement menées en Asie), de réduire la progression de la myopie de 50 % à 60 % (2). Néanmoins, la fenêtre de tir reste réduite à quelques années durant l’enfance, puisque c’est pendant cette période que la progression de la myopie est la plus importante.

  1. Gaucher D, Leveziel N. Les myopies [en ligne]. [Consulté le 17/05/2021]. Disponible à l’adresse :
    https://www.sfo-online.fr/files/medias/documents/les-myopies_second-rapport-sfo-2019.pdf
  2. Lam CSY, Tang WC, Tse DYY et al. Defocus Incorporated Multiple Segments (DIMS) spectacle lenses slow myopia progression: a 2-year randomised clinical trial. Br J Ophthalmol. 2020;104(3):363-8.

Pour en savoir plus sur la myopie :

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